Rnovation nergtique des logements : place aux travaux pratiques

Publish date: 2024-08-27

"Economiser l'énergie c'est utile pour la planète, c'est moins de gaz à effet de serre, c'est la facture énergétique de la France qui diminue mais c'est aussi la facture des ménages qui doit diminuer", a déclaré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault lors d'un déplacement à Arras ce 19 septembre, à la veille de la conférence environnementale. Accompagné de Cécile Duflot, ministre du Logement, et de Philippe Martin, ministre de l'Ecologie, il a annoncé que le plan de rénovation énergétique de l'habitat était "désormais opérationnel". L'essentiel de ce plan, qui vise à atteindre l'objectif très ambitieux de 500.000 rénovations énergétiques de logements par an d'ici à 2017 (contre 150.000 en 2012), avait déjà été dévoilé par François Hollande en mars dernier (lire notre article ci-contre). "Le gouvernement a décidé de mettre le paquet, pour aider à l'investissement pour les économies d'énergie", a assuré Jean-Marc Ayrault. Ce déplacement avait pour but de détailler le dispositif qui doit maintenant permettre d'inciter les ménages à engager les travaux et leur faciliter les démarches.

Des aides élargies

Selon le gouvernement, les deux tiers des Français devraient ainsi être éligibles aux aides publiques. Pour les ménages les plus modestes, le plafond de ressources donnant accès aux aides de l'Agence nationale de l'habitat (Anah) a été relevé (26.000 euros pour un couple sans enfant en province contre 17.000 euros auparavant) et une prime complémentaire de 3.000 euros leur sera apportée (contre les 1.600 euros fournis auparavant par la prime Fart - fonds d'aide à la rénovation thermique). Celle-ci sera majorée par les collectivités locales qui sont déjà engagées dans des actions de rénovation énergétique, soit plus de la moitié des territoires, selon le gouvernement. "Les aides complémentaires des associations pourront aboutir à un reste à charge nul pour les ménages les plus modestes", affirme-t-il.
Le programme Investissements d'avenir va en outre permettre de financer pendant deux ans une prime de 1.350 euros pour les ménages ne bénéficiant pas de la prime de 3.000 euros dont les revenus ne dépassent pas 25.000 euros pour une personne seule, 35.000 euros pour un couple et 50.000 euros pour une famille avec deux enfants. Ces nouvelles aides viennent s'ajouter aux deux dispositifs existants sans condition de ressources, le crédit d'impôt développement durable (CIDD) et l'éco-prêt à taux zéro, qui peut aller jusqu'à 30.000 euros. Ces deux outils "feront l'objet d'une simplification et d'un recentrage sur les rénovations lourdes dans le cadre du projet de loi de finances 2014", a prévenu le gouvernement.
Les aides représentent "plus de 1.000 euros, peut-être 1.200, 1.300 euros par ménage dans une maison moyenne avec deux ou trois enfants", soit du pouvoir d'achat supplémentaire, a illustré Jean-Marc Ayrault, qui a aussi souligné les aspects positifs pour l'emploi d'un plan de rénovation qui devrait fournir du travail à des milliers d'artisans et de PME. "Vu l'augmentation du prix de l'énergie, pour une maison des années 80 avec deux adultes et deux enfants, qui est aujourd'hui chauffée au fioul et mal isolée, on peut économiser plus de 200 euros par mois", a explicité Cécile Duflot.

450 points rénovation info-service

A Arras, Jean-Marc Ayrault a aussi présenté le "service public de la rénovation énergétique", le dispositif d'accompagnement qui vise à simplifier et à faciliter l'accès à l'information et aux démarches. Il comprend un numéro de téléphone Azur (0 810 140 240), un site internet renovation-info-service.gouv.fr et 450 points rénovation info-service (Pris) déployés sur l'ensemble du territoire. Ce réseau des Pris se compose des espaces info énergie de l'Ademe, des guichets Anah et des agences départementales d'information sur le logement. Chaque ménage, en fonction de ses revenus, de sa situation géographique et de son statut (propriétaire occupant, bailleur, locataire) sera orienté à partir du numéro Azur ou du site internet vers le Pris le plus proche de son domicile et le plus adapté à sa situation. En outre "1.000 ambassadeurs de la rénovation énergétique" recrutés via le dispositif des emplois d'avenir par les collectivités locales ou les associations, en partenariat avec l'Anah, seront chargés d'identifier les ménages en situation de précarité énergétique et de les aider à accéder plus facilement aux aides et aux programmes de rénovation.
Une campagne de communication grand public sous le slogan "J'éco-rénove-j'économise" destinée en priorité aux propriétaires va être déployée pendant deux mois dans tous les médias pour présenter l'ensemble du dispositif.
A l'annonce de ces mesures, le président de la fédération française du bâtiment (FFB) Didier Ridoret a salué dans un communiqué "un signe positif" tout en réitérant son souhait de "mesures fiscales fortes", notamment d'une TVA à 5% pour les travaux d'économie d'énergie. De leur côté, les ONG attendent davantage sur la rénovation des logements. "Le plan annoncé aujourd'hui se limite à une campagne de communication et d'accompagnement aux moyens limités", ont jugé dans un communiqué le Comité de liaison des énergies renouvelables (Cler), qui promeut les économies d'énergie et le Réseau action climat (RAC). Ils regrettent "des incitations financières mal ciblées et trop complexes pour le consommateur". L'objectif affiché par le gouvernement de rénover 500.000 logements d'ici à 2017, contre 150.000 en 2012, "avec une performance énergétique adéquate semble toujours hors de portée", écrivent les associations. "Ne pas fixer de critères de performance énergétique pour l'obtention de la prime revient à gaspiller l'argent public", estime Meike Fink, chargée de mission climat-énergie au RAC. La Fondation Nicolas Hulot considère aussi que le plan gouvernemental "n'est pas formidable et ne va pas permettre d'aller aux 500.000 rénovations par an, mais c'est malgré tout un premier pas". "C'est quand même un premier signal envoyé aux particuliers et aux professionnels du bâtiment", affirme son porte-parole Matthieu Orphelin, tout en regrettant aussi l'absence de critères de performance.

Anne Lenormand avec AFP

La facture d'énergie atteint 1.400 euros en moyenne par ménage selon l'Ademe
La très grande majorité des Français (80%) veut réduire sa facture énergétique mais seulement 12% des ménages interrogés ont fait des travaux dans ce sens, selon une enquête publiée par l'Ademe ce 19 septembre. Au moment où le gouvernement a officiellement lancé son plan d'aide à la rénovation des logements, ce sondage annuel TNS Sofres réalisé auprès de 10.000 ménages, montre la préoccupation grandissante concernant les dépenses liées à l'énergie : 50% des personnes interrogées estiment que c'est une part trop importante de leur budget (43% en 2006).
Selon l'Ademe, la facture moyenne (toutes énergies confondues) s'est élevée en 2012 à 1.403 euros par ménage, contre 1.239 en 2007. Les dépenses de gaz sont celles qui ont le plus augmenté (879 euros en 2012 contre 640 euros en 2007), relève l'Agence.
Dans ce contexte, 80% des ménages cherchent à réduire leur consommation d'énergie, via notamment des comportements plus économes (éclairage, chauffage). Une petite partie a affiché son intention de réaliser des travaux : 16% des ménages interrogés contre 18% en 2011. Quant au taux de réalisation des travaux, c'est-à-dire ceux ayant été réalisés en 2012 ou les années précédentes, il poursuit son recul: 12% en 2012, 13% en 2011, 14% en 2010 et 15% en 2009. En grande majorité, note l'Ademe, les ménages reconnaissent que les travaux réalisés ont amélioré au final le confort de leur habitat (97%) et ont aidé à réduire les dépenses énergétiques (88%).
La non-réalisation des travaux est principalement due à des obstacles financiers (77%). Pour ceux qui se sont lancés dans des travaux en 2012, le budget moyen a été de 4.359 euros par ménage. Ce budget est en baisse (4.517 en 2011). Parmi les aides financières disponibles, le crédit d'impôt est le plus souvent cité, mais sa notoriété est toutefois en baisse (73% des ménages le connaissent aujourd'hui contre 86% en 2009). L'éco-prêt à taux zéro est aussi moins cité qu'auparavant: 37% des ménages disent le connaître contre 54% en 2010. Le taux réduit de TVA "demeure l'aide la plus utilisée lors de la réalisation de travaux", souligne l'enquête. Source AFP
 

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