le Snat veut redresser la barre
Présenté ce 2 juillet et adopté la veille par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, le rapport d’information sur la gouvernance et la performance des ports maritimes part du constat d'une performance portuaire "insuffisante au regard des atouts maritimes de la France". Les grèves puis la crise sanitaire ont aggravé les "faiblesses persistantes" des grands ports maritimes (GPM), où la baisse des trafics se traduit par des pertes économiques "dont l’étendue n’est pas encore connue à ce jour".
Une dynamique perfectible
Malgré certains progrès, les sénateurs estiment que le retard pris par rapport aux concurrents européens représente 30.000 à 70.000 emplois perdus sur la filière des conteneurs. Les facteurs contribuant à fragiliser cette compétitivité - faiblesses d'une politique logistique "que la France a longtemps reléguée au second plan", sous-investissement dans les dessertes et infrastructures dont les pré- et post-acheminements portuaires par les modes ferroviaire et fluvial, "inertie préoccupante de l’État" malgré les alertes successives - sont mis en miroir avec les potentialités de croissance, "importantes y compris à court et moyen terme".
Mieux amarrer la gouvernance
Des stratégies visant à améliorer la coordination entre les ports maritimes, mais aussi avec les ports intérieurs, ont pourtant été déployées ces dernières années. "Elles se superposent et se juxtaposent, comme les rapports, mais ne s’articulent pas suffisamment entre elles", tranchent les sénateurs, tout en pressant le gouvernement de présenter une nouvelle stratégie de reconquête.
Annoncée il y a près de trois ans par le Premier ministre et censée renouveler celle de 2013, elle s'est depuis perdue en chemin… Le sujet illustrant plus particulièrement, selon cette mission, "les atermoiements de l’État et sa difficulté à faire converger les acteurs économiques et les élus autour d’un projet commun de développement territorial", reste celui de l’éventuelle décentralisation de la gestion de certains GPM de la façade atlantique.
Besoin d'une visibilité pluriannuelle
Pour renforcer le pilotage des grands ports par la performance, la mission suggère de s'inspirer de la logique pluriannuelle de contrats d’objectifs, de généraliser l’établissement de lettres de mission à leurs directeurs généraux, et d'encore mieux associer dans leur gouvernance les acteurs économiques et les collectivités territoriales.
Le levier de la LOM
Pour renforcer la compétitivité des ports, ce rapport préconise de porter les investissements prévus par la loi d'orientation des mobilités (LOM) en matière de report modal dans le transport de marchandises à cinq milliards d’euros sur dix ans. Les sénateurs réclament aussi la mise en œuvre d’un plan de relance portuaire de 150 millions d’euros par an sur cinq ans pour "soutenir les GPM dans la reconquête des trafics dans le cadre d’une politique commerciale "agressive", pour accompagner leur transition écologique et favoriser des relocalisations industrielles ciblées". Ils préconisent par ailleurs de rénover en profondeur les lignes capillaires fret, notamment celles nécessaires à l’exportation des céréales françaises, et de tripler dès 2021 le niveau de "l’aide à la pince" pour atteindre environ 80 millions d’euros. Enfin, les sénateurs préconisent la création d’un conseil national portuaire et logistique "destiné à couvrir toutes les structures de façon à travailler de manière transversale avec les directions des grands ports français".
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