Malaunay, une ville 100 % en transition ! (76)

Publish date: 2024-08-03

La ville de Malaunay gère en régie une quinzaine d'équipements et entretient de nombreux espaces. Construits pour la plupart entre le milieu des années 60 et le milieu des années 90, ils ont commencé à nécessiter des interventions de plus en plus lourdes pour leur entretien. "Dès 2006, l’équipe municipale a engagé, en impliquant déjà fortement les agents, sur la base du volontariat une démarche qualité au sein de la collectivité pour réduire la consommation d’eau et d’énergie", témoigne l’actuel maire, Guillaume Coutey.

Aller plus loin grâce à l’Ademe

Plus de 50 actions sont menées sur trois ans autour de l'électricité, du papier, du tri sélectif, de l'eau, des déplacements, du chauffage... "Nous avons pu aller encore beaucoup plus loin dans la transition énergétique et durable, grâce au dispositif de l’Ademe Cit'ergie" (voir encadré). La ville obtient le label en 2015 et s’engage dans d’autres démarches qui lui permettent de bénéficier d’outils méthodologiques et de financements : appel à projets "Territoire à énergie positive pour la croissance verte" en 2016, appel à manifestation d'intérêt régional "Territoire durable 2030", «"Territoire à énergie positive" (Tepos) du Réseau pour la transition énergétique (Cler), Trophée du développement durable 2017, Prix Apicité 2017, Prix Ville durable 2017, scénario Négawatt... Malaunay poursuit deux grands objectifs d’ici à 2050 : produire 100 % de son énergie en énergies renouvelables et diviser par quatre ses émissions de CO2.

Multitude d’actions et de projets

Pour cela, l’équipe municipale travaille autour de six grands axes : l'urbanisme (pour équilibrer les espaces naturels, urbanisés et de circulation), la rénovation du patrimoine (pour le rendre moins énergivore), l'approvisionnement local et durable d’énergie, la mobilité (en roulant propre), le management de la transition (pour motiver régulièrement le changement) et le partage des acquis et des connaissances.

Densifier le pavillonnaire et restaurer les haies

Elle a, notamment, révisé en 2012 son PLU au-delà des normes existantes liées à la transition et densifié les secteurs pavillonnaires (démarche Bimby). Elle a restauré les haies bocagères, préservé les terres agricoles, végétalisé les espaces publics avec des essences mélifères et fruitières, créé un service gratuit d'accompagnement des foyers à la maîtrise de l'énergie, équipé de panneaux photovoltaïques (1.600 m2 construits localement et dont l’électricité va être directement auto-consommée, innove aussi avec l’autoconsommation collective) des bâtiments communaux et l’église.

Isoler le bâti et utiliser l’eau de pluie

La commune a également réhabilité deux groupes scolaires (isolation, chaudières bois...), aménagé des pistes cyclables, investi dans des véhicules électriques et gaz naturel, créé une Amap, des jardins partagés, des ruchers, un poulailler et réfléchi à un plan de déplacement inter-entreprises (PDI). Elle éteint l’éclairage public la nuit, utilise l’eau de pluie (et l’eau de la piscine après un procédé de déchloration naturelle) pour ses espaces publics, désherbe mécaniquement, entretient ses espaces verts par des animaux en pâturage... Des légumes vont même pousser dans les rues !

Mobiliser les agents

Au fil du temps, les 130 agents de la collectivité ont pris l’habitude d’agir et d’être évalués à travers le prisme du développement durable. Un système de management de l'énergie (SME) permet depuis 2012 d’intégrer la question énergétique à tous les niveaux de la collectivité via des formations et des échanges informels. Un guide interne leur permet d'intégrer davantage ces critères dans les marchés publics. Des actions d'évolution des compétences (écoconduites, gestion différenciée, cuisine bio...) leur sont régulièrement proposées.

Libérer l’initiative

"Cela libère l’initiative. Par exemple, des agents municipaux ont imaginé une table de tri installée dans les cantines à destination des enfants pour lutter contre le gaspillage alimentaire", poursuit l’édile. Un poste de chargé de mission Énergie-Climat, subventionné par l’Ademe, accompagne la démarche de transition et facilite la mise en œuvre des projets auprès des agents municipaux, des habitants, des écoles et des acteurs du territoire.

Impliquer habitants, entreprises et commerçants

Pour construire cette démarche de transition avec les habitants et favoriser le déploiement des actions, la ville propose des séances publiques, des formations, des conférences gratuites d'experts nationaux et des actions au sein des écoles. Elle a lancé à l’automne 2018 le casting "La transition prend ses quartiers" pour trouver des familles prêtes à engager des actions sobres et créatives, "coachées" pour cela durant trois mois.

Structurer une filière locale RSE

Un club des éco-entreprises a vu le jour pour structurer collectivement une filière locale autour des pratiques nouvelles dans l'entreprise en matière de responsabilité sociale et environnementale (réunions inter-entreprises, visites de villes exemplaires, rendez-vous thématiques et un espace en ligne). Les commerçants s’engagent également : pressing 100 % écologique, pain bio, usage de sacs réutilisables, services en circuits courts (retouche, vente de produits locaux)…

Communiquer auprès du public

En termes de communication, la mascotte luciole Lucie Tergie accompagne les messages de changement auprès du jeune public (jeu d'extérieur, panneaux pédagogiques...). L’équipe municipale consacre aussi du temps pour partager son expérience dans les réseaux et les événements les plus divers : Assises européennes de l'énergie à Genève, Rencontres normandes du développement durable, à Caen, Dijon, en Belgique et au Québec...

Identité retrouvée

Quel est secret de cette transition tous azimuts ? Quels sont ses effets ? "Beaucoup d’actions relèvent du bon sens, témoigne le maire. On teste, on expérimente, tout en améliorant les conditions de travail des agents. Nous montrons par l’exemple aux habitants et aux autres collectivités que c’est possible de vivre la transition, même si cela prend plusieurs années." Et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Tout cela a contribué à faire baisser les charges de la collectivité.

Les habitants sont fiers

"Par exemple, nos factures énergétiques communales annuelles s’élevaient à 280.000 euros en 2006 et auraient été de 450.000 euros en 2016, si nous n’avions rien fait. Elles n’ont été que de 209.000 euros alors que nos toitures solaires ne sont pas encore en service à ce moment-là, la trajectoire de baisse va donc se poursuivre. C’est l’inaction qui coûte cher. Et tout nouveau projet fait l’objet d’une recherche de financements à tous les échelons." Il poursuit : "Comme nous communiquons beaucoup, nous avons aussi donné une identité à la commune - qui avait fortement souffert de la désindustrialisation -, dont les habitants sont maintenant très fiers."

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