Louverture des donnes publiques tire par les petites communes et les transports

Publish date: 2024-08-28


"Si la France est en tête des pays de l’Union européenne en matière d’open data, c’est aussi parce que les collectivités territoriales coopèrent avec l’Etat pour l'ouverture de leurs données", a assuré Akim Oural, président d’OpenDataFrance en présentant les résultats de l’observatoire de l’open data jeudi 16 décembre 2021. Une contribution certes, mais sans doute très modeste car le nombre de collectivités ayant ouvert au moins un jeu de données a progressé d’à peine 3 points depuis 2020 pour atteindre 14%. Au total 893 collectivités ont ouvert leurs données, parmi lesquelles 42% n’ont ouvert qu’un à deux jeux, selon le recensement fait par l’association.

La base adresse locale comme moteur

Une progression imputable pour l’essentiel à 111 communes dont 66 de moins de 500 habitants. L’observatoire intègre en effet désormais toutes les communes (parfois très petites) créant leur base adresse locale via la plateforme de l’ANCT. Des adresses postales ensuite reversées dans la base adresse nationale, l’une des bases de "données de référence" (au sens de la loi) parmi les plus réutilisées. Du coup, la carte des collectivités ayant ouvert leurs données, dont l’interface a été refondue pour l’occasion, fait apparaître des départements plus colorés que d’autres, à l’image de la Loire-Atlantique, des Hautes-Alpes ou des Pyrénées-Atlantiques. Cette intégration ne biaise-t-elle pas un peu les résultats ? "Pas vraiment car l’adresse est une donnée stratégique, son partage est la garantie que les secours et les colis arrivent, elle est indispensable aux opérateurs télécoms pour déployer la fibre optique", nous explique-t-on à OpenDataFrance. Néanmoins l’open data est pour la plupart de ces communes très rurales une conséquence de la préparation de l’arrivée de la fibre, plus qu’une finalité.

Autre moteur à l’open data, les transports publics où l’ouverture des données a été imposée par la loi d’orientation sur les mobilités. 70% des autorités organisatrices des mobilités, soit 231 sur 335, ont publié au moins un jeu de données sur la plateforme dédiée transport.data.gouv.fr. Dans la majorité des cas, il s’agit des horaires théoriques des transports en commun mais on y trouve aussi 63 jeux sur l’état des réseaux en temps réel, 44 jeux sur les vélos et trottinettes ou encore les zones à faibles émissions (ZFE) de trois villes.

Départements à la traîne

Côté queue de peloton, certains retards s’expliquent mieux que d’autres. Parmi les 92% de communes et EPCI de moins de 100.000 habitants n’ayant pas encore ouvert leurs données, nombreuses sont les collectivités n’ayant pas de service informatique. C’est du reste pour cette raison qu’OpenDataFrance a mis en place un programme d’accompagnement spécifique pour ces territoires qui allie sensibilisation – dont une série de webinaires se déroulant actuellement – et outillage pour faciliter la publication des données du "socle commun des données locales" qui compte une dizaine de jeux de données normalisés. Ce programme repose sur 23 "animateurs territoriaux de la donnée" volontaires, souvent des métropoles, départements et régions. C’est dans ces deux dernières catégories que l’on peut s’étonner de compter 4 départements sur 10 absents des radars de l’open data. S’agit-il d’un manque de volonté ? D'un dossier jugé non prioritaire ?  "Il est en fait fort possible que le projet soit en cours", nous explique-t-on.

Portails de données ouvertes ou partagées

Les stratégies open data ont en effet fortement évolué depuis 2016 avec des projets plus longs à émerger mais aussi plus structurants. Les métropoles d’Orléans et de Tours ont par exemple fait de la "gouvernance de la donnée" un préalable à l'ouverture de leurs données. En d'autres termes, il s'agit de mobiliser les services et de créer des passerelles avec les applications métiers ou les plateformes existantes, comme le système d'information géographique. Une approche qui a le mérite de "garantir la pérennité de la démarche open data". Ces projets dépassent souvent très largement l'open data. A "Data on Board", journée organisée début décembre par l’éditeur OpenDataSoft, Orléans métropole a par exemple présenté son portail 3 en 1, comptant un volet dédié aux agents, un autre aux partenaires de la collectivité et un dernier ciblant le grand public. La plateforme centralise toutes les données mais avec des accès différenciés pour chaque profil d’utilisateur.

Ces portails s’enrichissent en outre d’un volet datavisualisation. Application d’aide au tri des déchets à Issy-les-Moulineaux, module de recherche de délibération à Saint-Louis, tableaux de bord des retards de train dans la région Centre-Val de Loire, suivi des usages des pistes cyclables à Paris et Bordeaux… autant d’initiatives qui contribuent à démocratiser la donnée en la rendant moins aride et plus accessible. Cette "éditorialisation de la donnée" fait du reste partie des chantiers que souhaite lancer OpenDataFrance en 2022.

La France en tête du classement européen de l’open data

L’Open Data Maturity (ODM) publié par la Commission européenne le 14 décembre 2021 a classé pour la première fois la France en tête des pays de l’Union européenne. Un classement fondé sur quatre critères : politique (stratégie d’ouverture), impact (secteurs ouverts et réutilisations) mode de mise à disposition (portails) et qualité des données. La France semble avoir bénéficié à plein d’un effet covid-19 avec des données de santé mises à disposition quotidiennement qui ont nourri des centaines de sites et réutilisations. La ministre de la Transformation et de la Fonction publiques Amélie de Montchalin s’est félicitée de ce classement en rappelant que "le gouvernement a fait de l’ouverture et de l’exploitation des données publiques une de ses priorités de transformation publique en 2021". 

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