Le rapport parlementaire Studer-Minot suggre des mesures spcifiques sur le modle des "conventi

Publish date: 2024-09-30


"Territoires isolés et enclavés, difficultés d’accès et de circulation, chute démographique de la population en âge scolaire, existence de classes multi-niveaux : tous ces marqueurs sont caractéristiques des territoires ruraux ou de montagne et pourtant, ni la Guadeloupe ni la Martinique ne sont considérées ainsi par l’Education nationale", constatent les députés Bruno Studer (LREM) et Maxime Minot (LR), dans un rapport présenté le 31 janvier, devant la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale. Rapport réalisé suite à une mission sur la rentrée scolaire à la Guadeloupe et à la Martinique qu'ils ont effectuée entre le 4 et le 8 septembre 2017.
Les deux députés y suggèrent que ces territoires puissent prétendre au bénéfice des "conventions ruralité", signées par l’Education nationale "avec de nombreux départements depuis 2014". Ils estiment que ces conventions "pourraient leur apporter des aides et avantages (notamment en dotation d’emplois) particulièrement précieux".

Toutes les caractéristiques de la ruralité même si une majorité des habitants vit en zones urbaines et périurbaines

"La Guadeloupe et la Martinique présentent toutes les caractéristiques de la ruralité. Même si une majorité des habitants vit en zones urbaines et périurbaines, il y a des problèmes d'accessibilité et de circulation, des temps qui peuvent être rallongés parce que des classes et des écoles ferment du fait de la baisse démographique, et faire 5 km en Guadeloupe, ce n'est pas du tout la même histoire que de faire 5 km en métropole..." expliquent-ils.
"Contrairement à Mayotte et à la Guyane, le secteur éducatif en Guadeloupe et en Martinique n’est pas en tension, en raison de la baisse constante des effectifs des élèves depuis plus de 15 ans, liée à la décrue démographique des deux territoires", indique le rapport. La Martinique (75.400 élèves scolarisés à la rentrée 2017) a ainsi connu une baisse des effectifs scolarisés de 12,4% dans le premier degré et de 21% dans le second degré, entre 2003 et 2013. La Guadeloupe (98.000 élèves scolarisés à la rentrée 2017) a quant à elle enregistré  une baisse de près de 15% entre 2006 et 2016, le nombre d'élèves étant passé de 104.700 à 89.100.

Recours à des personnels peu qualifiés

Un déclin dû à la fois à la baisse des naissances mais aussi à un "solde migratoire déficitaire" et à un vieillissement rapide, car "les jeunes partent" du fait d'un faible taux d'emploi. Si Bruno Studer observe que la baisse démographique n'a, pour l'instant, pas entraîné une baisse du taux d'encadrement "dans de mêmes proportions", il fait néanmoins remarquer, sur la base des retours des personnels qu'ils ont rencontrés, que "le recours à des personnels peu qualifiés reste problématique".
Les deux rapporteurs suggèrent d'imaginer des dispositifs qui permettraient aux enseignants formés dans les ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation) de rester sur place ou de favoriser leur retour. Mais le retour reste "compliqué" d'un point de vue "structurel", souligne Bruno Studer, du fait de la baisse des effectifs et de la fermeture des écoles. Selon le député, le ministre de l'Education nationale se serait engagé à travailler sur le sujet.
Les rapporteurs s'étonnent également que "le taux d’élèves en REP+ à la Guadeloupe (5,4  en primaire et 4,6% en secondaire) soit inférieur à la moyenne nationale (7,6% en primaire et 6,9% en secondaire), alors que les difficultés économiques et sociales sont beaucoup plus accusées". Selon eux, entrer dans l'éducation prioritaire constituerait "un atout essentiel pour redonner au système éducatif Antillais les moyens de s’adapter aux besoins des territoires, d’agir de façon ciblée sur les causes de l’échec scolaire et de soutenir efficacement la réussite de tous les élèves".

Créer un "Erasmus caribéen" ?

Les députés ont formulé d'autres recommandations parmi lesquelles figurent la mise en œuvre d'un "Erasmus caribéen" à l'image de l'Erasmus "européen", pour permettre à des jeunes d'effectuer une partie de leurs études dans les pays voisins, "voire en Amérique latine". Par ailleurs, "il y a urgence à renforcer les langues vivantes dès le primaire, car bien que le contexte soit multilingue, la maîtrise des langues reste insuffisante", observe Maxime Minot. Une mesure assez "simple" dont l'Etat devrait s'emparer, estiment-ils. Les rapporteurs ont souligné par ailleurs l'importance du créole et donc du "bilinguisme maternel". Celui-ci justifie que cette langue soit "absolument" intégrée à l'école pour faciliter les relations avec les familles.

Différer la rentrée scolaire pour tenir compte de la période cyclonique ?

Alors que les rapporteurs ont également fait état de spécificités climatiques "parfois redoutables", comme l'exposition aux risques cycloniques et sismiques (ils étaient d'ailleurs en mission lors du passage de l'ouragan Irma), la chaleur et les fortes pluies, un député a évoqué l'idée de mettre en place un calendrier scolaire adapté aux conditions climatiques de ces territoires et d'organiser une rentrée différée "pour s'adapter à la période cyclonique qui s'étend de juin à novembre". Ce sujet "n'a pas été abordé avec les acteurs" lors de la mission, mais pourra "faire l'objet d'une réflexion ultérieure", a noté Bruno Studer, rappelant que Mayotte et la Réunion bénéficient déjà d'un calendrier adapté (ils rentrent en août).
Quant au coût des reconstructions suite aux dégâts provoqués par l'ouragan Irma, il s'élève à plus de 50 millions d'euros. Tous les enfants, soit environ 8.000 élèves, ont été rescolarisés à la rentrée et, depuis, 15 des 21 établissements touchés (la totalité) ont pu rouvrir dans leurs locaux. Trois ne rouvriront pas dans leurs locaux car ils sont situés sur des zones à risques. Deux de ces trois établissements seront reconstruits totalement ailleurs et le dernier restera fermé.

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