La Moselle mise sur le bilinguisme pour faciliter l'emploi des jeunes
Le 14 juin 2017, le ministre-président de la communauté germanophone de Belgique, Oliver Paasch, était en visite au conseil départemental de la Moselle pour découvrir ses pratiques en matière de coopération transfrontalière et de multilinguisme. "Nous avons une action de longue date en matière de bilinguisme que nous avons accélérée ces dernières années", explique à Localtis Gilbert Schuh, conseiller départemental chargé de la coopération transfrontalière. Le département a initié et pilote notamment le programme européen transfrontalier Sesam'GR, dans la Grande Région*, qui vise à encourager le plurilinguisme et la "découverte de l'autre", pour favoriser une meilleure insertion des jeunes sur le marché du travail.
Dans le département, le taux de chômage atteint 10,1% au quatrième trimestre 2016, jusqu'à 12,8% à Forbach. Or les opportunités d'emploi de l'autre côté de la frontière sont nombreuses.
Doté d'un budget de 7,28 millions d'euros, dont 4,3 millions de subvention européenne et 865.000 euros apporté par le département de la Moselle, le projet réunit quinze partenaires de France, d'Allemagne, de Belgique et du Luxembourg. Pour Gilbert Schuh et Oliver Paasch, le dispositif pourrait préfigurer "la constitution d’un véritable marché de l’emploi transfrontalier dans la Grande Région", souligne le département, dans un communiqué.
Lancé en septembre 2016 pour trois ans, le projet consiste à co-construire et diffuser aux élèves de la petite enfance au secondaire de nouveaux concepts pédagogiques et didactiques, en s'appuyant sur les outils numériques, et à développer des projets communs entre jeunes de cultures et langues différentes. Enfin, le programme Sesam'GR vise à préparer les jeunes aux perspectives professionnelles de la Grande Région, avec des stages en entreprises de part et d'autre de la frontière, des rencontres à thèmes et l'échange de bonnes pratiques.
Des assistants de langue
Le programme finance aussi les assistants de langue qui sont présents dans les écoles maternelles et élémentaires, un dispositif mis en place par la Moselle depuis vingt ans, et renforcé ces dernières années. "Ces assistants sont recrutés et financés (30% minimum) par les communes ; le département participe à leur financement à hauteur de 20%, le reste est apporté par les fonds européens, détaille Gilbert Schuh. Trente assistants sont actuellement en place. Ils permettent d'initier les enfants à l'allemand dès le plus jeune âge pour qu'ils puissent intégrer plus facilement par la suite le marché du travail."
Il y a deux ans, le département a décidé de doper le dispositif, avec un programme plus approfondi sur le territoire du Val de Rosselle, comprenant une formation destinée aux assistants éducatifs aux méthodes moins académiques, comme le théâtre, et l'apprentissage d'un allemand plus adapté au monde des entreprises.
"Ces dispositifs permettent aux jeunes d'apprendre les langues de manière précoce et continue, de l'école aux études supérieures, explique Gilbert Schuh, car quand on arrête, en général, c'est très difficile de reprendre." Un objectif d'insertion sur le marché du travail, d'employabilité, mais aussi de découverte d'autres cultures. Pour le département, qui n'est pas épargné par la "radicalisation" de certains jeunes, ce pourrait être aussi un moyen à plus long terme de lutter contre ce phénomène...
* La Grande Région rassemble la Sarre et la Rhénanie-Palatinat (Allemagne), la Lorraine (France), le Grand-Duché de Luxembourg (Luxembourg), la Wallonie, la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Communauté germanophone (Belgique).
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