Dans une unit Alzheimer de Mons-en-Barul, lus et personnels innovent pour le mieux-tre des r

Publish date: 2024-09-23

Au sein de l'unité de vie Alzheimer de l'Ehpad Les Bruyères géré par le CCAS de Mons-en-Barœul (21.046 habitants), le personnel a tombé la blouse blanche, les résidents ne sont plus obligés de manger à 18h pile et peuvent circuler librement. La toilette du matin n'est plus imposée, elle peut avoir lieu à 11 h et être reportée au soir si le résident le préfère. En outre, agents et résidents de l'unité de vie préparent ensemble le repas du soir.

Ces changements ont été mis en place à la suite d’un séjour vacances avril 2017 organisé par l’Ehpad et le service Jeunesse de la ville de Mons-en-Barœul. Cinq jours en bord de mer pour la douzaine de résidents de l'unité Alzheimer, avec 24 enfants, de 6 à 12 ans. C’était en avril 2017. Une expérience qui a créé une véritable dynamique tant pour les résidents que pour le personnel.

Au départ, une semaine de vacances avec des enfants

Ces enfants fréquentent le centre de loisirs de la ville et participent aux activités intergénérationnelles à l'Ehpad le mercredi, et connaissent donc les personnes âgées. Durant ces vacances en bord de mer, les résidents de l’Ehpad et enfants partagent activités, repas, veillées ... Lors du séjour le cadre s'assouplit : on ne mange pas forcément à heure pile, on prend le temps de se promener, de sortir au musée, au port, au zoo, de préparer ses repas. Le soir, aucune heure de coucher n'est imposée. "Les personnes âgées veillaient jusqu'à ce qu'elles aient envie d'aller se coucher, raconte la cadre de santé de l’Ehpad, Élodie Avignon. Les soignants les laissent faire une toilette parfois succincte le matin, et leur font prendre une douche le soir." Les repas sont fabriqués en cuisine traditionnelle de maison, et non selon les procédés de la restauration collective. Le résultat est spectaculaire à en croire la cadre santé et le directeur de l'Ehpad.

Durant le séjour, des résidents transformés et détendus

"L'équipe encadrant le séjour fait rapidement le constat qu'aucun trouble du comportement n'apparaît," explique la cadre de santé. L'infirmière délivre deux fois moins d’antalgiques car les plaintes diminuent. Même constat pour les angoisses et l’utilisation des anxiolytiques. Les assiettes sont vides à la fin des repas alors que le taux de gaspillage est "énorme" en institution. Les personnes âgées qui, en établissement, peinaient à faire les exercices avec le kiné, se plaignant de douleurs, montent ou descendent du bus, empruntent des escaliers. "Ce que certains ne faisaient plus depuis des années", précise la cadre de santé.

Le rejet des soins du corps disparaît le temps de ce séjour et la toilette n'est plus source de stress. Le personnel observe que la communication verbale avec les résidents reprend. "La perte des mots est un premier signe d'Alzheimer, là nous les avons observé communiquer avec les enfants, et l’on a découvert que certains parlaient tout à fait bien", précise la cadre de santé.

Au retour du séjour, le personnel veut revoir les pratiques

De retour dans l'institution, les personnels réfléchissent à cette expérience et aux bénéfices pour les résidents, que personne n’avait anticipé à ce point. Les agents n'ont pas envie de retomber dans le train-train institutionnel. Trois semaines plus tard, le personnel demande à la direction de l’Ehpad de revoir un certain nombre de pratiques. À commencer par le fait de ne plus porter de blouse blanche. La direction accepte le port d’une tenue civile, qui sera financée et entretenue par l’établissement. Le changement des pratiques va bien au-delà.

Réaménagement des horaires et de certains équipements

Les repas du soir sont désormais confectionnés par les résidents et le personnel, qui font les courses ensemble deux fois par semaine. "Certains résidents n'avaient pas remis les pieds dans un magasin depuis des années, et je vous assure que les envies et les souvenirs reviennent", souligne la cadre de santé de l'unité Alzheimer. Pour faciliter la préparation des repas, et en accord avec la direction, l’équipe soignante revoit les horaires de travail. "Nous avons expliqué qu'il s'agissait d'un atelier thérapeutique", raconte le directeur de l'Ehpad, Jean-François Basset. Il a fallu aménager et équiper la cuisine, et également acheter un lave-linge, ce qui permet aux résidents d’étendre eux-mêmes le linge, retrouvant ainsi des gestes et des odeurs de la vie quotidienne au domicile. Des rituels s'instaurent. Un appel à projets de la Fondation de France a permis de financer le réaménagement de la cuisine, pour la rendre accessible aux résidents et l’équiper.

Unité de vie ouverte sur l'extérieur

L'Ehpad avait déjà franchi un pas en décidant, en 2015, de ne plus fermer l'unité Alzheimer, mais au contraire, de l'ouvrir pour que les résidents puissent circuler librement. L'établissement met en place un dispositif de vigilance proposé par le personnel : "Lorsque des résidents se rendent à l’extérieur de l’établissement, les agents ne les rattrapent pas, mais marchent derrière. Résultat : les résidents d'eux-mêmes reviennent alors dans l'unité", explique le directeur. Cela limite les comportements d'opposition et n'entrave pas la liberté des résidents".

Le séjour intergénérationnel est reconduit d’année en année

Un second séjour intergénérationnel a eu lieu en 2018, avec 16 personnes âgées. En 2019, ce sont 20 personnes âgées, de l’unité Alzheimer, de l'accueil de jour et de la résidence autonomie qui vont partir. L'encadrement a été un peu allégé par rapport à la première expérience. "Lors du premier séjour on prenait un risque, et nous avions surévalué les besoins", observe la cadre de santé. En plus de rester intergénérationnel, le séjour va devenir multi-institutionnel.

Idée lancée et soutenue par les élus

"Tout cela a été possible grâce aux élus, notamment l’adjointe au maire déléguée aux Aînés, qui a été à l'origine de l’idée d’un séjour en vacances pour les résidents âgés de l'unité Alzheimer", signalent le directeur et la cadre de santé. "J’avais été marqué par la réponse d'un agent à qui on avait demandé ce qu'elle rêverait de faire avec les personnes âgées de la résidence autonomie : partir en vacances. Je m'étais dit qu'elle avait absolument raison, parce que les vacances sont un temps fort de toute vie ordinaire" explique la maire adjointe déléguée aux Aînés, Brigitte Adgnot. L’élue a ensuite apporté tout son soutien à la mise en œuvre de cette idée et a pris contact avec l’élue déléguée à la Politique jeunesse pour des vacances intergénérationnelles. Les plus fortes réticences sont venues du service jeunesse. "Ils redoutaient que les enfants soient décontenancés par le comportement des personnes atteintes d'Alzheimer", évoque la cadre de santé. L'expérience a démontré qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. D’autant que les hébergements restent séparés.

"Un pari fou à l'époque, qui nous semble évident aujourd’hui"?

Les familles des résidents n'ont pas manifesté d'opposition au projet. "Certaines familles pensaient que c’était un pari fou. Tout en nous encourageant à le faire si cela permettait à leur parent de revoir la mer", se souvient la cadre de santé. "C'était sans doute un pari fou à l'époque, mais qui nous semble aujourd'hui si évident. Notre expérience est la démonstration qu'il nous faut juste changer de regard sur ces résidents, c’est-à-dire s’intéresser à leurs capacités plutôt que l'inverse", conclut le directeur. "C'est le sens de l'approche québécoise Carpe Diem", conclut à son tour la cadre de santé. "Notre expérience montre que fonctionner autrement est possible et bénéfique" termine l’adjointe au maire déléguée aux Aînés.

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